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Par le trou de l'aiguille, elle prend des photos avec des courges

Perchée dans sa montagne italienne, Noris Lazzarini réalise elle-même ses appareils photographiques dans des courges et des boîtes à gâteaux et n'utilise que la lumière naturelle.

Selfie avec une boîte

« Allez Moustafa », somme Noris à son chat en nous faisant entrer dans sa cassine. Trente minutes d'un chemin rocailleux et ronceux nous ont permis de rejoindre cette insolite thébaïde. La véranda surplombe le paysage verdoyant de la vallée du Merdanzo. Tous les bourgs alentours sont un entassement de maisons irisées, collées les unes aux autres, et perchées sur des monts. Nous sommes à Apricale, un des « Plus beaux villages d'Italie », à une heure de route de la France.

Noris et son petit-ami Maurizio possèdent quatre cents oliviers dont ils ont tiré sept cents litres d'huile l'année dernière. Ils vendent toute une gamme de produits bio : des herbes aromatiques, du vinaigre, du pesto, des crèmes de beauté ou, moins connu, de la poudre de pérille de Nankin. « Nous travaillons en biodynamie, explique Noris. Maurizio a un rapport très empathique avec la terre, c'est lui qui cultive et moi je transforme puis vends. »

Noris a commencé la photographie au sténopé après s'être fait voler son matériel en Colombie. © La Popote à pépé

Originaire de Milan, Noris Lazzarini pratique la photographie au sténopé depuis vingt ans. Ma che cosa è ? En fait, Noris réalise elle-même ses appareils photographiques avec des courges et des boîtes à gâteaux. « Je peins l'intérieur de la courge en noir opaque et je fais un tout petit trou qui laisse entrer la lumière. » Sur la surface opposée au trou, l'image inversée de la réalité extérieure vient se former sur du papier photographique. « Je n'utilise que du papier black and white », dit-t-elle avec son accent italien, et comme la courge a une forme arrondie, ça donne des formes originales à mes photos. »

Du fait de la petitesse de l'orifice et de l'absence de focalisation, le temps nécessaire pour impressionner la surface photosensible peut être long. « Tu vois là, il y a une heure et demi d'exposition et je n'utilise que la lumière naturelle », explique Noris en montrant son cliché. « Cette forme-là, tu ne peux pas l'obtenir avec un appareil photo. »

Selon la forme de l'appareil, il faut composer avec les défauts et les déformations. © Noris Lazzarini

Noris possède son labo photo itinérant dans un camping-car en bas du village. « Maintenant avec le numérique, tout le monde est photographe, dit-elle. Tu peux prendre plusieurs photos, c'est une grande révolution. Moi je ne peux pas voir mes photos avant, mais je connais bien mes boîtes alors je sais ce que ça va donner. » La plus vieille de ses boîtes date de 1993. « J'aimerais bien que les gens sachent qu'on peut faire de la photo simplement, avec de la lumière. »

Alors qu'elle dévoile uns à uns ses clichés soigneusement rangés, elle ponctue de quelques « servez-vous, mangez, un peu plus ? » et nous tartine même des galettes de sa pâte aux olives. Elle débouche une bouteille de blanc et nous explique que ses poules, originaires d'Amérique latine, pondent des oeufs bleus. Noris est belle et fascinante.

Quelques liens:

Lien Airbnb.

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