Ancien boucher chevalin à Auterive dans la Haute-Garonne, Marcel Bernat alimente chaque journée de sa passion : la reproduction de volailles. À 80 ans, il materne avec déférence des pigeons cravatés italiens, des Montauban, des poules Pékin, des saumonées dorées et surtout des Marans, dont il maintient la race « le plus haut possible ».
Marcel Bernat et une poule Marans noire cuivrée naine dans son poulailler. © Justine Bonnery
« Tant que la passion dure, je vivrai », assure Marcel qui passe « au moins cinq heures par jour » auprès de sa volaille répartie dans quatre poulaillers accolés à sa maison. Parmi les tourterelles, poulets et pigeons, il y a sa chouchou noire à camail cuivré : la Marans originaire du Marais poitevin. Ses œufs ont la particularité d'être gros et d'un roux prononcé. Ce sont selon lui « les meilleurs, on ne peut pas trouver mieux ». « Si vous voulez faire une bonne pâtisserie, mettez des œufs de Marans et vous verrez que le jaune est plus coloré et à la poêle il reste rond ! » Fils de paysans, Marcel a toujours vécu entouré de volailles et de pigeons. « Le matin maman nous disait "attrapez-moi un poulet" et il était saigné, plumé et cuit dans la journée. »
« C'est la lumière du jour qui guide les poules », témoigne Marcel Bernat. © Justine Bonnery
L'alimentation des cocottes
« Ce qui fait la richesse du mélange, c'est la diversité », assure Marcel. L'Aignois préconise des mélanges de graines : le blé « riche en sucre », le maïs dont « elles sont friandes » les engraisse, le sorgo pour les céréales, le tournesol oléique « pour l'huile et les matières grasses », l'avoine pour l'apport énergétique, les pois cassés pour les protéines et l'orge « qui est une graine de secours, si elles ont autre chose elles n'en mangeront pas ». Le plus important est « de faire un dosage équilibré ». N'oublions pas l'eau, « surtout s'il n'y a pas de verdure ! L'herbe représente 90% d'eau et apporte des vitamines et des huiles essentielles ». Marcel suggère aussi de donner de l'herbe fraîchement tondue.
« L'expérience s'acquiert avec l'âge », déclare Marcel Bernat. © Justine Bonnery
Des coquilles solides
Marcel conseille de donner des coquilles d'huîtres pour leur richesse en phosphate et en calcium afin de rendre la coquille des œufs de vos poules plus solide. « Quand je mange des œufs, je ne jette jamais la coquille car c'est la leur qui est la plus riche en vitamines parce qu'elle contient la membrane coquillère, autrement dit le placenta. » Les poulettes mangeront mêmement avec appétence tous vos restes. Afin d'augmenter l'acidité du suc digestif pour qu'elles digèrent mieux les graines, Marcel ajoute du vinaigre de cidre dans leur abreuvoir (deux cuillères à soupe pour cinq litres d'eau).
« Ça fait du fumier impeccable pour le jardin », certifie Marcel. © Justine Bonnery
Les oeufs postiches
« Il faut toujours laisser un œuf dans le poulailler, ça leur permet d'identifier leur nid. Si vous les enlevez tous, elles vont se décourager ou changer de nid », prévient Marcel qui date tous ses œufs du jour de ponte. « Ce sont des animaux très intelligents et craintifs. Il faut beaucoup de douceur et pas de brutalité. »
« Si une souris se promène là elle est morte. Les poules aiment la viande », rigole Marcel © Justine Bonnery
Un perchoir plat
Les gallinacés aiment être perchés. « Il faut leur mettre un perchoir plat sur une planche de dix centimètres et surtout pas des perchoirs ronds car ça leur tord le bréchet. » Et pour le confort des galliformes, Marcel invite à mettre « beaucoup de paille de blé tendre, précisez-le bien, et non pas de blé dur qui a de nombreuses barbules piquantes ». Les poules aiment aussi s'épouiller en se roulant dans la poussière de terre ou de la cendre. En vrai passionné, Marcel est abonné au Marans-Club Magazine, donne des conseils à qui les lui demande et cumule plus d'une centaine de concours d'exposition avicole avec jugement. « À un concours de couleur des œufs en Dordogne, j'ai terminé deuxième en qualité couleur. Il manquait cinq grammes à mon œuf pour terminer premier. »
« Une poule a besoin d'activité, l'élevage en cage devrait être interdit », avise Marcel. © Justine Bonnery
Diaporama
Marcel Bernat. © Justine Bonnery
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